Rapport de la 5e Assemblée mondiale de PCQVP

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La 5e Assemblée mondiale de Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) s’est déroulée en ligne du lundi 27 au jeudi 30 juin 2022.

Cet événement était très spécial en ce qu’il marquait le 20e anniversaire de la campagne PCQVP, lancée en juin 2002. Ce rassemblement a permis d’honorer les membres de PCQVP et de célébrer leurs succès, ainsi que de réfléchir à l’importance de notre participation à ce réseau divers et inspirant. Avec la participation de 55 intervenant·e·s exceptionnel·le·s, l’Assemblée mondiale a examiné certains des principaux enjeux auxquels le secteur extractif est confronté aujourd’hui, notamment l’égalité de genre, la divulgation des contrats et une transition énergétique juste.

Au total, 407 personnes provenant de 71 pays ont participé à l’événement, dont 15 % avaient moins de 30 ans et la moitié étaient des femmes, contre 40 % lors de l’Assemblée mondiale de 2019. Cette Assemblée mondiale s’avère la plus importante et la plus inclusive jamais organisée.  L’augmentation de la participation des femmes au fil des ans montre que les efforts continus de nos membres visant à accroître l’inclusivité de notre mouvement ont un impact !

La plupart des participant·e·s étaient issu·e·s de la société civile. Des donateur·rice·s, des gouvernements, des entreprises, ainsi que certains médias étaient également présent·e·s.  En moyenne, les participant·e·s ont passé plus de cinq heures sur la plateforme, et 142 rencontres en binôme ont eu lieu lors des sessions de speed-networking, permettant la création de nouvelles relations entre membres de différents pays. Enfin, 19 stands d’exposition ont été mis en place par les coalitions et les membres afin de présenter leur travail. 91 % des répondant·e·s à notre enquête de satisfaction ont jugé la pertinence des événements parallèles bonne ou très bonne.  En outre, l’équilibre entre les genres et les régions parmi les intervenant·e·s a été jugé bon ou très bon par 86 % et 82 % des répondant·e·s à l’enquête, respectivement.

Vous trouverez ci-dessous un résumé des résultats clés à l’issue des sessions principales*

Ouverture et session principale – 27 juin 

Olena Pavlenko, présidente de DiXi Group et présidente sortante du Conseil mondial de PCQVP, a ouvert la session en soulignant le travail remarquable réalisé par PCQVP depuis 20 ans en matière de lutte contre la corruption, de transparence, de redevabilité et de mise en œuvre de l’ITIE. Elle a rappelé la création de nouvelles coalitions depuis 2019 en Inde, au Liban, au Kosovo, au Soudan du Sud et en Colombie, cette dernière constituant la première coalition en Amérique latine et dans les Caraïbes, une région souhaitant fortement une présence plus importante de PCQVP. Elle a également noté qu’au cours des prochaines décennies, les membres de PCQVP devront de plus en plus s’attaquer aux problèmes que représentent le changement climatique, la décarbonisation, la numérisation, les cyber-guerres et le rétrécissement de l’espace civique. Le mouvement doit répondre aux préoccupations de la jeune génération, exprimées dans un court-métrage projeté lors de l’événement, qui met en scène sept jeunes membres de PCQVP du monde entier présentant leurs attentes et leurs espoirs pour l’avenir.

L’intervenante principale, Mirtha Vasquez, ancienne Première Ministre du Pérou, avocate et défenseuse de l’environnement, a également axé ses remarques sur le changement climatique et les effets négatifs de l’extraction minière en Amérique latine et dans les Caraïbes, évoquant les communautés paysannes touchées par l’exploitation minière au Pérou. Elle a insisté sur la nécessité d’entreprendre la transition énergétique avec beaucoup de prudence, car de nombreuses communautés dépendent encore fortement des combustibles fossiles. Menée de manière inappropriée, la transition énergétique peut engendrer de plus grandes inégalités.

Trois pionnier·ère·s du mouvement PCQVP, Cielo Magno, Olena Pavlenko et Emmanuel Kuyole, ont réfléchi aux changements que PCQVP doit opérer pour aller de l’avant. Ces membres ont notamment soulevé la question de l’élimination progressive des combustibles fossiles. Cette remarque fait écho à l’appel en faveur d’une transition énergétique juste, lancé par dix pionnier·ère·s de PCQVP dans un deuxième film projeté au cours de l’événement. Ils·elles se sont également engagé·e·s à accroître l’efficacité du mouvement en s’appuyant sur la force de divers groupes, notamment les jeunes.

Vers une transition énergétique juste pour les pays tributaires des ressources – 28 juin 

Cette session a étudié le paysage et les risques liés à la transition énergétique à venir et ses implications pour les pays tributaires des ressources naturelles. Les intervenant·e·s ont souligné que l’élimination progressive des combustibles fossiles n’est pas assez rapide pour lutter efficacement contre la crise climatique, malgré les engagements des investisseur·se·s, des pays et des gouvernements. Le risque qu’une élimination progressive injuste ne creuse les inégalités mondiales déjà existantes constitue l’une des principales préoccupations soulevées. Une attention particulière doit être accordée aux pays dont l’économie dépend fortement de l’extraction de pétrole et de gaz, ainsi qu’aux pays riches en minéraux stratégiques (tels que le cobalt, le cuivre, le zinc et le manganèse), de plus en plus nécessaires aux technologies d’énergies renouvelables. La viabilité du modèle économique encore appliqué par de nombreux pays, qui consiste à extraire du pétrole et du gaz pour générer des revenus destinés au développement, a été remise en question. Il a été constaté que seuls 33 % des bénéfices tirés de l’exploitation du pétrole et du gaz en Afrique circulent dans le continent, par exemple, et qu’un pourcentage énorme est consacré au respect des obligations des pays envers les entreprises extractives. Une recommandation clé formulée lors de la session concerne la nécessité de plaider auprès de la communauté internationale pour mettre en place des directives afin de protéger les droits des communautés locales et autochtones  face à l’explosion de la demande en minéraux critiques.

Sortir du cadre traditionnel pour ‘une gouvernance féministe des ressources naturelles – 29 juin

Cette session a présenté plusieurs approches employées pour inclure les femmes dans le secteur de la gouvernance des ressources naturelles. L’organisation Zambia Alliance for Women œuvre à amplifier la voix des femmes dans le secteur en leur permettant de demander des comptes aux responsables (du gouvernement et des entreprises minières) sur l’argent reçu lié à l’exploitation des mines, et d’étudier son utilisation afin que les communautés en bénéficient directement. Au Ghana, l’organisation African Centre for Energy Policy s’attache à assurer une transition énergétique inclusive et positive vers des sources d’énergie plus innovantes et propres, en impliquant les femmes à chaque étape. L’organisation informe les femmes des communautés sur les énergies propres et sûres, ainsi que sur les avantages que représente l’abandon de leurs modes de cuisson traditionnels, utilisant le charbon de bois, au profit de combustibles plus innovants et propres comme l’éthanol. En Indonésie, la société civile collabore avec le secrétariat de l’ITIE Indonésie pour intégrer la perspective de genre dans les plans de développement du pays, ainsi que dans les budgets du pays dédiés au secteur de l’énergie.  PCQVP Kirghizistan s’emploie à ce que les données du pays soient ventilées par sexe. Pour ce faire, la coalition i) documente la participation des femmes à la main-d’œuvre et aux secteurs miniers, ii) donne aux membres de la coalition, aux militant·e·s et aux journalistes, les moyens de défendre les questions de genre dans le secteur minier et iii) soutient les membres du groupe multipartite de l’ITIE ainsi que les membres de la coalition nationale de PCQVP pour promouvoir la participation des femmes dans le secteur de la gouvernance des ressources naturelles.

Transparence des contrats : Leçons apprises et perspectives d’avenir – 29 juin

Cette session s’est concentrée sur le partage d’expériences de différentes parties prenantes, notamment des représentant·e·s de la société civile (tant mondiale que nationale), du gouvernement et du secteur privé. Les discussions ont porté sur les stratégies pour mener ensemble la campagne #DiscloseTheDeal ; ainsi que sur les progrès et défis liés à la transparence des contrats extractifs au niveau national, notamment les progrès réalisés concernant la mise en œuvre de la norme ITIE en matière de divulgation des contrats. Les réalisations des coalitions libanaise et malienne ont été présentées comme des exemples inspirants de campagnes fructueuses concernant la transparence des contrats. Des recommandations clés ont été formulées sur l’avenir de la transparence des contrats :

  • Outre les contrats principaux, les acteur·rice·s de la société civile doivent exercer une pression pour que des documents supplémentaires, tels que les rapports d’études d’impacts environnementaux et sociaux , les accords de financement et les accords d’infrastructure, soient ajoutés à la liste des documents à divulguer.
  • Pour obtenir la publication de ces documents, les militant·e·s de la société civile et les gouvernements doivent s’adresser à des personnes avec lesquelles elles ne dialoguent généralement pas, comme les gouvernements locaux.
  • Les acteur·rice·s de la société civile doivent veiller à ce que les citoyens comprennent le contenu de ces documents et leur utilisation optimale.
  • Les investisseur·se·s doivent prioriser la transparence des contrats et se servir de l’actionnariat pour influencer les performances d’une entreprise (activisme actionnarial).

Leadership et gouvernance : collaboration en tant que mouvement mondial

La présidente du Conseil mondial sortant de PCQVP, Olena Pavlenko, a partagé un rapport, au nom du Conseil mondial de PCQVP, qui a mis en lumière les principales mises à jour depuis la dernière réunion de l’Assemblée mondiale en 2019. La Directrice exécutive sortante du secrétariat international de PCQVP, Elisa Peter, a présenté un rapport du secrétariat international à l’Assemblée mondiale de PCQVP, qui portait sur les messages clés suivants : la résilience, l’impact, les ressources, les personnes et l’avenir. Cette réflexion a pris en compte les trois dernières années et l’avenir de PCQVP. Parmi les autres développements, elle a souligné la création de postes supplémentaires au sein du secrétariat de PCQVP pour suivre efficacement son impact, gérer l’augmentation des charges opérationnelles, mener des campagnes mondiales, ainsi que pour collecter et gérer efficacement les fonds reçus, notamment par le biais de subventions secondaires aux coalitions de PCQVP.

Manuel de gouvernance de PCQVP :  Gloria Majiga, membre du Conseil mondial sortant, a présenté les mises à jour proposées au Manuel de gouvernance de PCQVP. L’Assemblée mondiale a adopté à l’unanimité les changements proposés au Manuel.

Politique de genre de PCQVP : Stephanie Rochford, Directrice de l’engagement des membres au secrétariat de PCQVP, a présenté la toute première politique mondiale de PCQVP en matière d’égalité de genre pour adoption, soulignant le caractère essentiel de cette nouvelle politique pour PCQVP, car elle contribuera à orienter la mise en œuvre de notre engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’inclusion. L’Assemblée mondiale a adopté à l’unanimité la Politique de genre de PCQVP.

Présentation des membres du Conseil mondial : les nouveaux·elles membres du Conseil mondial, élu·e·s par les membres de PCQVP entre mars et mai 2022 lors des réunions régionales, se sont présenté·e·s à l’Assemblée mondiale :  Aida Gamboa (ALC), Carly Oboth (Europe et Amérique du Nord), Fuad Hasanov (Eurasie), Georges Mpaga (Afrique francophone), Monday Osasah (Afrique anglophone), Noralhuda Hasan (Moyen-Orient et Afrique du Nord), Saswati Swetlena (Asie-Pacifique), ainsi que Maria Ramos (Oxfam Amérique) et Evelyne Tsagué (NRGI),  les deux représentantes des organisations de portée mondiale. Fatima Diallo, représentante du Comité de pilotage pour l’Afrique au Conseil mondial, était également présente.

Allocution finale : Elisa Peter a déclaré que les six années passées au Secrétariat de PCQVP ont été « l’expérience la plus enrichissante de [toute] sa vie. » Elle a déclaré être touchée par le courage, la passion et le dévouement des membres de PCQVP pour faire de ce monde un endroit meilleur. Elle a félicité les nouveaux membres du Conseil mondial pour leur nomination, avant de leur souhaiter de nombreux succès.

Pour voir ou revoir les sessions (en anglais), veuillez cliquer sur ce lien.

 

* Un rapport complet est disponible.

 

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