Niger : les défenseurs des droits humains injustement détenus pendant plus de six mois

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Johannesbourg, 15 septembre 2020

*** Mise à jour du 30 septembre 2020 : Moudi Moussa and Halidou Mounkaila ont été libérés sous caution.

** Mise à jour du 29 septembre 2020 : Maikoul Zodi a été libéré sous caution.

  • Le 15 septembre marque le sixième mois de la détention de trois éminents défenseurs nigériens des droits humains
  • Les principales organisations de défense des droits humains appellent les autorités à libérer immédiatement et sans condition Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maikoul Zodi
  • Inquiétudes face à une répression croissante des droits humains au Niger

Le 15 septembre 2020, cela fera six mois que trois défenseurs des droits humains ont été emprisonnés au Niger simplement pour avoir participé à des manifestations pacifiques pour demander l’ouverture d’une enquête sur les allégations de détournement de fonds par le ministère de la défense.

CIVICUS, Amnesty International, Oxfam Niger, Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP), Tournons la Page International (TLP) et Front Line Defenders demandent la libération immédiate et inconditionnelle de Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maikoul Zodi. Ils ont été arrêtés avec quatre autres militants entre le 15 et le 17 mars 2020 après que les forces de sécurité aient violemment dispersé des manifestations pacifiques contre la corruption dans la capitale Niamey.  Les autorités avaient interdit toute manifestation le 13 mars, à titre de mesure préventive contre la pandémie de COVID-19. Les violences ont fait au moins trois morts et plusieurs bâtiments ont été endommagés. Les accusations portées contre eux comprennent « l’organisation d’un rassemblement non autorisé, incendie criminel, dommages aux biens publics et homicide involontaire ».

Au moins 15 militants avaient été arrêtés, dont six ont été placés en détention provisoire.  Trois des détenus ont été libérés provisoirement en mai mais Moudi, Halidou et Maikoul sont toujours détenus arbitrairement malgré l’octroi d’une caution de 5 millions de francs (environ 9 200 dollars US) le 6 août.  Le procureur a fait appel de cette décision avec succès et ils sont toujours détenus dans trois prisons distinctes.

Moudi Moussa est journaliste et syndicaliste, Halidou Mounkaila est leader du syndicat d’enseignants SYNACEB et Maikoul Zodi est le coordinateur national du mouvement mondial Tournons La Page. Ces trois défenseurs des droits humains sont membres de la coalition PWYP et sont présentés dans la campagne de CIVICUS #StandAsMyWitness, qui sensibilise le public aux défenseurs des droits humains détenus arbitrairement dans le monde et demande leur libération. Amnesty International les considère comme des prisonniers de conscience et demande leur libération immédiate et inconditionnelle.

La détention des défenseurs des droits humains intervient dans un contexte de répression croissante des droits humains et de l’espace civique au Niger. En juin, le pays a été ajouté à la liste de surveillance de CIVICUS. Cette liste met en évidence les pays où il y a eu récemment un déclin rapide des droits humains, y compris les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.

Les organisations de défense des droits humains sont particulièrement préoccupées par le harcèlement, l’intimidation et les attaques dont font l’objet les militants et défenseurs des droits humains, notamment ceux qui réclament la transparence et la responsabilité dans les secteurs public et privé. Des journalistes ont également été arrêtés pour avoir fait des reportages sur des allégations de corruption.

Le 10 juin 2020, la journaliste et bloggeuse Samira Sabou a été arrêtée à Niamey et inculpée de diffamation en rapport avec un post sur les réseaux sociaux mettant en lumière la corruption. Selon ses collègues militants, son arrestation est liée à un post du 26 mai 2020, dans lequel elle faisait référence à un audit du ministère de la défense concernant l’achat frauduleux de matériel militaire pour l’armée. L’un des commentaires en dessous du post critiquait le fils du président en relation avec l’audit, bien que Samira Sabou n’ait pas mentionné le fils dans son poste. Le 28 juillet, elle a été relaxée par le tribunal de grande instance de Niamey pour « délits non constitués » et libérée le même jour.

Le 12 juillet, le journaliste Ali Soumana a été convoqué par la police, interrogé et accusé de fausse information pour des commentaires faits sur des allégations de corruption. Certains journalistes ont également été arrêtés et détenus pour avoir fait des reportages sur la réponse des autorités au COVID-19. En mai, l’Assemblée nationale a promulgué une nouvelle loi qui permet aux autorités d’intercepter des conversations téléphoniques dans le cadre de la réponse de l’État à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, sans les garanties appropriées en matière de droits humains, y compris les droits à la liberté d’expression et à la vie privée.

« Au cours des huit derniers mois, nous avons assisté à une recrudescence des violations des droits humains par les autorités nigériennes, y compris l’intimidation et le harcèlement des militants, défenseurs et journalistes des droits humains. C’est une mascarade que Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maikoul Zodi soient toujours en prison simplement pour avoir protesté contre une mauvaise utilisation présumée des fonds de la défense. Ils devraient tous être libérés immédiatement et sans condition », a déclaré David Kode, responsable du Plaidoyer et des Campagnes de CIVICUS.

« Nous pensons que les accusations portées contre les militants pour complicité de dégradation de biens publics, d’incendie criminel et d’homicide involontaire sont fabriquées de toutes pièces pour compromettre l’exercice pacifique de leurs droits humains et les exigences de transparence et de responsabilité », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Les organisations sont préoccupées par la détention prolongée de défenseurs des droits humains sur la base d’accusations sans fondement. Nous appelons le gouvernement du Niger à libérer immédiatement Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maikoul Zodi et à cesser de persécuter les membres de la société civile.

Le Niger figure sur la liste des pays « bloqués » par le CIVICUS Monitor, un outil en ligne qui suit les conditions de l’espace civique dans le monde

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Front Line Defenders a été fondée à Dublin en 2001 dans le but spécifique de protéger les défenseurs des droits humains en danger (DDH), des personnes qui travaillent, de manière non violente, pour tout ou partie des droits inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Front Line Defenders répond aux besoins de protection identifiés par les défenseurs des droits humains eux-mêmes.

Publish What You Pay (PWYP)  est un mouvement mondial regroupant plus de 1000 organisations de la société civile qui font campagne pour que les revenus du pétrole, du gaz et des mines contribuent à améliorer la vie des gens.

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