Changements climatiques et industries extractives – plaidoyer de la coalition Camerounaise

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La coalition Camerounaise Publiez Ce Que Vous Payez plaide pour une norme ITIE sensible au changement climatique

En publiant le 18 juin 2015 l’encyclique sur la protection de la nature, et en instituant quelques mois plus tard, la journée du 1er septembre à partir de l’année 2015 comme « Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création », le Pape François a souhaité offrir au monde la contribution de l’Eglise à la résolution de la crise écologique à laquelle l’humanité est actuellement confrontée.

Le Pape François invite donc les Organisations Nationales engagées dans le domaine écologique à l’instar de la Coalition Camerounaise Publiez Ce Que Vous Payez (CCPCQVP), en union avec les Commissions « Justice et Paix » des Conférences Épiscopales, à être à l’avant-garde de la conversion écologique.

Il faut bien se le dire, ce ne sont plus de simples théories scientifiques, nos modes de vies et nos consommations quotidiennes émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre (GES). Le changement climatique actuel est principalement lié à l’émission des gaz à effet de serre qui provient des activités humaines. Ces émissions sont dues pour plus de 3/4 au seul gaz carbonique (CO₂). La consommation des énergies fossiles (production d’énergie, carburant des véhicules, chauffage de l’habitat, industrie) est, de loin, le secteur le plus incriminé. Mais il ne faut pas oublier le changement d’occupation des terres, incluant la déforestation, qui se situe à la seconde place en terme de responsabilité dans l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre (17% des émissions mondiales).

Le Cameroun, comme beaucoup de Pays en Voie de Développement, est particulièrement vulnérable aux effets et impacts du changement climatique, qui affectent l’ensemble de la planète, sans tenir compte des origines des gaz à effet de serre. Nous ne polluons peut-être pas autant que les autres, mais nous serons sans doute plus affectés qu’eux. Et cette seule perspective doit constituer une interpellation urgente pour nos pays.

Au-delà d’une position de victime résignée de la pollution générée par les Pays Industrialisés d’une part et du questionnement sur la significativité des impacts des industries extractives sur le changement climatique d’autre part, c’est le constat alarmant sur la non maitrise des saisons et donc des périodes de cultures qui interpelle le paysan camerounais quant à ses conditions de subsistance.

C’est un défi majeur de l’humanité. Il interpelle la Coalition Camerounaise Publiez Ce Que Vous Payez qui se joint au cri de détresse lancé par la Communauté Internationale sur l’appel aux personnes de bonne volonté à adopter des comportements éco-responsables. L’exploitation des ressources extractives contribue à des volumes d’émission élevés, et il devient important pour nos pays de s’habituer à de nouvelles formes de comptabilité : doit-on forcément exploiter toutes les ressources dont regorge notre sous-sol ? Ne doit-on pas parfois s’abstenir, surtout lorsque les bénéfices escomptés dérisoires, comparés aux dommages qu’ils pourraient contribuer à causer sur le climat et sur nos modes de vie ?

Par ailleurs, n’est-il pas temps pour les instances de gouvernance de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives d’adopter des exigences en matière de suivi du risque climatique ? C’est un chantier pour la société civile camerounaise en particulier, mais aussi celle internationale en général, qui doivent apporter leur pierre à l’édifice d’un mieux-être universel.

Il va sans dire que des besoins en termes de renforcement des capacités des acteurs chargés de ce suivi devront se poser. Cependant, au travers d’une analyse coût/bénéfice, il n’est point besoin de douter de l’urgence de celle-ci mais aussi de discerner l’opportunité de voir de nouveaux acteurs mieux outillés sur la question faire leur entrée dans le concert du suivi de la mise en œuvre d’une « Norme ITIE climato sensible ».

Il faudrait l’admettre, si la Norme ITIE fait de l’adoption d’exigences climato sensibles une priorité, cela sera à terme une avancée considérable, en matière de divulgation de pratique de production par les industries extractives. En d’autres termes quelle serait la durée de vie du bouclier de la non-divulgation du secret industriel ? C’est un plaidoyer qu’a toujours ardemment mené avec conviction, la Campagne Publiez Ce Que Vous Payez. Ce que le changement climatique tente aujourd’hui de légitimer voir de légaliser à l’échelle universelle, à condition que la CoP 21 prévue dans quelques semaines à Paris tienne ses promesses.

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